Le grand chantier du Bayer Leverkusen
L'exode de ses leaders Wirtz, Tah et Frimpong est d'autant plus un casse-tête pour le champion d'Allemagne 2024 que d'autres cadres de l'effectif du Bayer expriment des envies d'ailleurs.
À eux seuls, les adieux du meilleur joueur du pays ouvriraient une période d'incertitude. Comment remplacer Florian Wirtz, qui s'est décidé pour Liverpool ? Voilà déjà une question majeure en soi. Mais le Bayer Leverkusen, en ce début d'été, est confronté à une problématique nettement plus large. Trois cadres, trois leaders dans leur secteur, trois porteurs de performance sont déjà partis : Wirtz donc, mais également le défenseur central international Jonathan Tah, qui dispute déjà le Mondial des clubs avec le Bayern, et l'inimitable zébulon de l'aile droite Jeremie Frimpong, envolé lui aussi sur les bords de la Mersey. Sans parler du déménagement vers Madrid de l'emblématique entraîneur du doublé 2024, Xabi Alonso.
Avec ces quatre départs, le Bayer est déjà factuellement contraint au renouvellement et à la reconstruction. Mais cet exode n'est peut-être pas terminé. D'autres tauliers, comme le métronome du milieu de terrain Granit Xhaka, que son père rêve d'envoyer en Lombardie, le latéral espagnol Alejandro Grimaldo ou l'avant-centre tchèque Patrik Schick, envisagent sérieusement de changer d'air. Bien sûr, rien que la vente record de Wirtz, estimée, bonus compris, à près de 150 millions de francs suisses – plus gros transfert de l'histoire de la Premier League et de la Bundesliga, 50% plus cher que Kai Havertz et ses 100 M€, bonus compris, en 2020 –, donne au champion d'Allemagne 2024 une surface financière conséquente pour recruter, à laquelle s'ajoutent l'obole bavaroise pour disposer de Tah dès ce mois-ci, les 4 millions payés par Hull pour le recrutement de Gustavo Puerta, les 40 millions de Liverpool pour Frimpong et les 20 millions versés par l'Atalanta pour acheter Odilon Kossounou. Encore faut-il le faire à bon escient – une mission qui a plutôt réussi au directeur sportif Simon Rolfes dans un passé récent.
Erik ten Hag, entraîneur revanchard
Si le vice-champion d'Allemagne veut donner à son nouveau coach, Erik ten Hag, les moyens de maintenir les ambitions du club – et le Bayer veut éviter à tout prix, après des décennies avec l'étiquette de loser sur le dos, de passer pour un tube sans lendemain –, il doit donc recruter massivement et pertinemment, ce qui aurait en outre pour effet potentiel de convaincre tel ou tel élément de l'effectif actuel de rester. Le technicien néerlandais sera certes revanchard après sa décevante aventure mancunienne mais il aura besoin, pour exister en Ligue des champions comme pour rivaliser avec le Bayern en Bundesliga – tel est désormais le standing du Bayer, qu'il le veuille ou non –, de “matière première” à disposition.
Objectifs prioritaires du recrutement : les secteurs du milieu offensif, des ailes et de la défense centrale. Dans ce dernier domaine, le Bayer s'est déjà activé, enrôlant de Liverpool le défenseur central international anglais U21 Jarell Quansah pour une trentaine de millions de francs. Le contrat s'étend sur cinq saisons mais les Reds peuvent rapatrier le joueur dès 2027 moyennant une soixantaine de millions de francs. Quansah présente les mêmes qualités que son prédécesseur Jonathan Tah, à savoir la puissance (1,90 m pour 84 kg) et la vitesse, avec une touche technique à la relance, ce qui colle parfaitement à la philosophie du Bayer. En matière de défense, Mark Flekken, l'excellent gardien international néerlandais de Brentford, 32 ans, avait été préalablement le premier renfort du Werkself, un choix a priori pertinent là aussi, moyennant 10 millions de francs.
Le présent et l'avenir en parallèle
La venue d'un trentenaire immédiatement opérationnel est un signal envoyé par les dirigeants du vice-champion d'Allemagne qu'ils ne misent pas seulement sur l'avenir mais entendent maintenir leur standing du moment. Mais les arrivées de Quansah (22 ans), Axel Tape (17 ans, en provenance du Paris Saint-Germain), Tim Oermann (21 ans, en provenance de Bochum, immédiatement prêté à Sturm Graz) ou Christian Kofane (18 ans, venu d'Albacete), de même que les visées sur Malick Thiaw (23 ans, du Milan AC) ou Abdoulaye Faye (20 ans, du BK Häcken), montrent que le Bayer ne renonce pas aux recettes qui l'ont mené au sommet, celles de potentiels en éclosion.