Recherche sélectionneur désespérément
Les rumeurs fusent, les supporters s'impatientent: un mois après le limogeage de Dorival Junior, le Brésil cherche toujours l'homme providentiel pour redresser une Seleçao en pleine déliquescence, un peu plus d'un an avant le Mondial 2026.
Les candidats pressentis se comptent sur les doigts d'une main et tout porte à croire que les quintuples champions du monde seront cornaqués par leur premier sélectionneur étranger en 60 ans. L'Italien Carlo Ancelotti, actuellement au Real Madrid, est le premier choix des dirigeants de la Confédération brésilienne (CBF) selon les médias locaux, mais les Portugais Jorge Jesus et Abel Ferreira sont aussi dans le viseur.
Rodrigo Caetano, directeur des sélections au sein de la CBF, a admis lundi sur la chaîne SporTV que ce choix du nouveau sélectionneur était une vraie question "nationale". Il a indiqué qu'une décision devrait être prise "au plus tard la semaine prochaine".
Dorival Junior a été limogé le 28 mars, après la raclée 4-1 à Buenos Aires face à l'Argentine, rivale historique et championne du monde en titre. Il n'est resté que 14 mois en poste. Avant lui, Fernando Diniz avait aussi fait les frais d'une défaite face aux Argentins (1-0), en plein stade Maracana de Rio de Janeiro.
Au total, la Seleçao a vu défiler trois sélectionneurs après le départ de Tite fin 2022. Ramon Menezes avait pris les rênes comme intérimaire pour quatre matches amicaux au premier semestre 2023. Il était censé assurer la soudure avant l'arrivée éventuelle d'Ancelotti, qui avait finalement décidé de prolonger son contrat avec le Real jusqu'en 2026.
En difficulté à Madrid après l'élimination en quart de finale de la Ligue des Champions et la défaite face au Barça en Coupe du Roi, l'Italien est à nouveau sur les tablettes de la CBF. Mais en public, il préfère esquiver les questions des journalistes. "Je parlerai de mon avenir le 25 mai", à l'issue de la dernière journée du championnat espagnol, a déclaré "Carletto" samedi dernier.
Jorge Jesus est pour sa part libre de tout contrat, après son limogeage du club saoudien Al-Hilal, où il a notamment dirigé Neymar, meilleur buteur de l'histoire de la Seleçao. Le Portugais de 70 ans n'a jamais caché son désir de devenir sélectionneur du Brésil, mais ses aspirations pourraient justement être plombées par ses propos mettant en doute la capacité de "Ney" à rejouer au plus haut niveau en raison de ses blessures à répétition.
Son compatriote Abel Ferreira a à son actif son excellent bilan avec Palmeiras, qu'il a mené à cinq titres majeurs, dont le doublé en Copa Libertadores en 2020 et 2021. Il a néanmoins réaffirmé son "engagement total" vis-à-vis du leader actuel du championnat brésilien, avec qui il est lié contractuellement jusqu'à la fin de l'année.
Rodrigo Caetano a confirmé lundi que le nombre de candidats ciblés par la CBF était "très réduit", soulignant que le fait de citer un nom publiquement serait "contre-productif pour les négociations".
Juca Kfouri, référence du journalisme sportif brésilien et chroniqueur du site Uol, dénonce le "manque de compétence évident" des dirigeants de la fédération pour gérer ce dossier épineux du nouveau sélectionneur. "C'est un puits sans fond, un gouffre", dit-il à l'AFP, critiquant sans ménagement cette institution secouée par de nombreux scandales ces dernières décennies.
Son président actuel, Ednaldo Rodrigues, a ainsi été écarté temporairement de son poste fin 2023 en raison de soupçons d'irrégularités lors de son élection.
Mais pour la Seleçao, qui court après son sixième titre mondial depuis 2002, le temps presse. Elle retrouvera les terrains les 5 et 10 juin, face à l'Equateur puis au Paraguay, pour les qualifications du Mondial 2026.
À quatre journées de la fin, le Brésil est quatrième, à dix points des leaders argentins, et des stars comme Vinicius ou Raphinha peinent à briller comme dans leur club respectif, le Real Madrid et le FC Barcelone.
Alors que le Brésil est la seule nation à avoir disputé toutes les éditions de la Coupe du monde, sa qualification pour le tournoi aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique ne semble pas compromise, mais les résultats et le niveau de jeu affiché sont indignes de son rang. Redresser le tir sera un sacré défi pour le futur sélectionneur.