Ten Hag, ça change tout

Son bail à la tête de la réserve du Bayern a laissé, dans le sud de l'Allemagne, des souvenirs impérissables. En 2013, après avoir fait monter les Go Ahead Eagles en première division néerlandaise, Erik ten Hag prenait en main la 2e équipe bavaroise pour devenir, dès la première saison, champion de Bavière. Ses compétences auprès des jeunes, depuis, sont indiscutées et quand, le dernier jour de juin, le nouvel entraîneur du Bayer Leverkusen a accueilli d'une franche poignée de main la jeune recrue Jarell Quansah pour sa visite médicale, on l'a senti dans son élément. Le défenseur de Liverpool a beau avoir coûté un billet de près de 30 millions de francs suisses au vice-champion d'Allemagne, il n'en reste pas moins un bambin de 22 ans.

À l'Ajax, puis à Manchester United, le bilan de ten Hag n'a pas été immaculé – en particulier en Angleterre – mais son appétence pour les jeunes éléments ne s'y est pas tarie. C'est sa façon de manager : le Néerlandais passe d'abord du temps auprès des plus jeunes et leur fait comprendre que sa porte leur est toujours ouverte. Pour lui, renforcer une équipe, c'est faire progresser ses jeunes joueurs. Une philosophie qui diffère clairement de celle de son prédécesseur basque : pour Xabi Alonso, seule la qualité compte, peu importe l'âge, et c'est avec la colonne vertébrale de son équipe que le nouvel entraîneur du Real Madrid communique en priorité – le milieu et capitaine suisse Granit Xhaka en a été l'illustration la plus flagrante ces deux dernières saisons, et avec lui les Tah, Frimpong, Grimaldo et Wirtz.

Nouveaux fondements tactiques

La conséquence : une hiérarchie claire au sein de son effectif. Avec ten Hag, l'équilibre du vestiaire bouge donc sensiblement, ce qui constitue déjà un changement majeur au regard du mandat du Basque. « Le vent d'hier n'aide pas à naviguer aujourd'hui », répète volontiers l'ancien joueur de Twente, persuadé que pour garder le Bayer sur la voie de la compétitivité au plus haut niveau, il doit en renouveler profondément le fonctionnement. Une conviction qui s'appuie sans doute aussi sur le renouvellement contraint de l'effectif suite au départ, acté ou pressenti, de nombreux cadres du doublé 2024. Immanquablement, le style de jeu va évoluer lui aussi. Pas forcément dans la philosophie – ten Hag demandera du rythme et de la possession, ce que Xabi Alonso faisait avant lui – mais dans les fondements tactiques. Exit la défense à trois avec les puncheurs sur les côtés, place à une défense à quatre, dans l'axe de laquelle le champion d'Europe des moins de 21 ans Jarell Quansah va trouver les conditions d'expression de son potentiel, mais où la concurrence va monter d'un cran puisque Piero Hincapié et Edmond Tapsoba, piliers de la défense de Xabi Alonso, seront eux aussi dans les parages.

Le départ du prodige Florian Wirtz oblige l'entraîneur néerlandais à repenser également le secteur offensif. Patrik Schick et Victor Boniface, qui évoluaient en alternance à la pointe de l'attaque, peuvent-ils cohabiter sur le terrain ? C'est une option sérieuse pour ten Hag, surtout s'il souhaite conserver les deux avant-centres dans son effectif. L'ancien attaquant du Bayern Malik Tillman, recruté au PSV Eindhoven mi-juillet pour plus de 30 millions de francs et un contrat jusqu'en 2030, pourrait ainsi trouver sa place autour de ces pointes-là, tout comme le jeune international algérien Ibrahim Maza, en provenance du Hertha Berlin, et l'Argentin Alejo Sarco, arrivé de Velez Sarsfield début janvier, 19 ans tous les deux. Là aussi, la concurrence sera vive avec Nathan Tella, Martin Terrier, Amine Adli et Jonas Hofmann... et le recrutement, boosté par le butin laissé par le départ de Wirtz, n'est pas terminé.